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LE DÉPISTAGE DES CANCERS

Un dépistage est un test qui permet de détecter une maladie avant l’apparition d’éventuels symptômes. Pour le cancer, les tests de dépistage, qu’ils soient organisés ou individuels, permettent de révéler des lésions suspectes, potentiellement cancéreuses. En détectant la maladie de façon précoce chez un sujet apparemment sain, les tests de dépistage permettent d’espérer de meilleures chances de guérison.

Il n’existe malheureusement pas encore de tests permettant de dépister tous les cancers à un stade précoce. A l’heure actuelle, les campagnes de dépistage organisé ne concernent que les cancers du sein, de l’utérus et les cancers colorectaux.

Un dépistage individuel est possible pour les cancers de l’ovaire, de la prostate, des testicules, du poumon ou de la peau. Il est réalisé à l’initiative du médecin ou de la personne, en fonction de son contexte médical.

Qu’est-ce que le dépistage et le dépistage organisé ?

Le dépistage est composé d’un ensemble de tests et d’examens qui permettent de détecter une maladie avant l’apparition d’éventuels symptômes. Pour le cancer, le dépistage permet de prendre en charge rapidement la maladie pour améliorer l’efficacité des traitements. Il peut aussi permettre de retirer des lésions précancéreuses avant que celles-ci ne dégénèrent en tumeur maligne. Par exemple, certains polypes peuvent être dépistés afin de prévenir le cancer colorectal.

Le dépistage n’est pas pour autant un diagnostic. S’il est positif c’est à dire qu’il détecte une anomalie, d’autres examens doivent être réalisés pour infirmer ou confirmer le diagnostic de cancer. Ce sont les examens anatomocytopathologiques, réalisés sur des cellules prélevées au niveau de la lésion qui permettent de diagnostiquer un cancer avec certitude.

Le dépistage peut être réalisé dans le cadre du dépistage organisé ou de manière individuelle.

Comment se déroulent les dépistages organisés ?

Des dépistages organisés ont été mis en place par les pouvoirs publics à destination de populations présentant un risque plus élevé de développer la maladie. Cette décision est prise sur des arguments médico-économiques : en clair, le dépistage d’un cancer au niveau d’une population cible doit représenter une économie pour la société et permettre de réduire significativement les taux habituels de mortalité et de séquelles liées à la maladie. En conséquence, il ne concerne que des cancers fréquents à un âge donné, associés à un taux de mortalité élevé et pour lesquels la phase sans symptôme, sans signe clinique ou radiologique, est suffisamment longue pour optimiser la détection des cancers en phase précoce.

A l’heure actuelle, les campagnes de dépistage organisé concernent :

♦ Le cancer colorectal avec un test de dépistage qui s’adresse à toutes les personnes, hommes et femmes, âgées de 50 à 74 ans. Son principe se fonde sur la recherche d’un saignement dans les selles, non visible à l’oeil nu, réalisé tous les 2 ans.

♦ Le cancer du sein pour lequel un dépistage est proposé à toutes les femmes de 50 à 74 ans sans facteurs de risques particuliers. Celles-ci sont invitées à réaliser une mammographie prise en charge à 100% tous les 2 ans.

♦ Le cancer du col de l’utérus pour lequel un dépistage est proposé à toutes les femmes de 25 à 65 ans sans facteurs de risques particuliers. Celles-ci sont invitées à réaliser un test de dépistage (frottis cervico-vaginal) tous les 5 ans.

Les dépistages organisés offrent une garantie de qualité supplémentaire et les examens sont remboursés à 100% sur la base du courrier d’invitation reçu. A noter que les consultations et autres actes réalisés avant ou après le dépistage sont remboursés selon les modalités habituelles.

 

Comment se passe le dépistage organisé du cancer colorectal ?

Le dépistage organisé du cancer colorectal s’appuie sur le médecin traitant. La personne reçoit une invitation pour aller voir son médecin traitant. Celui-ci remettra à son patient un test à effectuer chez lui puis à envoyer à un laboratoire qui déterminera si le patient est "à risque".

En pratique :

Les hommes et les femmes de 50 ans à 74 ans reçoivent une invitation une fois tous les deux ans les invitant à se rendre chez leur médecin traitant pour y retirer un test de dépistage. Ce courrier est envoyé par la structure départementale de coordination du dépistage.
La personne prend rendez-vous avec son médecin traitant qui lui remet gratuitement un kit de dépistage après lui avoir expliqué le mode d’emploi. Le prélèvement se fait à domicile : la peronne dépose un échantillon de selles à l’aide d’une tige prévue à cet effet puis glisse les prélèvements dans l’enveloppe fournie avec le test et l’envoye au laboratoire d’analyse indiqué après avoir indiqué ses coordonnées (il n’est pas nécessaire d’affranchir l’enveloppe).
Le principe du test se fonde sur la recherche par le laboratoire d’un saignement dans les selles qui serait invisible à l’oeil nu.

Les résultats sont ensuite envoyés chez le patient, au centre de coordination du dépistage et chez son médecin traitant. Le résultat peut être également visualisé, après inscription, sur le site www.resultat-depistage.fr

Un test négatif signifie qu’aucun saignement n’a été détecté. Pour autant cela n’exclut pas entièrement la présence d’un cancer ou d’un polype. Certains cancers de l’intestin ne provoquent pas de saignement, c’est pourquoi il faut renouveler le test tous les deux ans. Entretemps, des troubles ou des saignements digestifs doivent inciter à consulter son médecin.
Un test positif signifie que du sang a été détecté dans les selles. Pour en identifier l’origine, le médecin traitant prescrit alors une coloscopie qui recherchera la cause précise du saignement et pourra identifier une ou plusieurs lésions qui seront alors biopsiées. C’est ensuite l’analyse au microscope des cellules prélevées qui permettra de confirmer ou d’infirmer le diagnostic. Le but est d'identifier des lésions précancéreuses et d'empêcher ainsi l'apparition d'un cancer colorectal.
Ce dépistage n'est pas réalisé chez les patients ayant eu une coloscopie il y a moins de 5 ans, si une coloscopie est envisagée devant des symptômes digestifs ou s’il existe des antécédents familiaux au premier degré (fratrie, parents) qui incitent à réaliser une coloscopie d'emblée.
Avant 50 ans ou après 74 ans, l’intérêt du dépistage doit être discuté avec le médecin traitant et n'est pas pris en charge à 100% dans le cadre du dépistage organisé.

Comment se passe le dépistage organisé du cancer du sein ?

Les femmes de 50 à 74 ans reçoivent une invitation une fois tous les deux ans les invitant à se faire dépister.
La femme prend un rendez-vous auprès du radiologue de son choix dans la liste jointe au courrier, qui indique les radiologues agréés pour réaliser les mammographies dans le cadre du dépistage organisé.
La mammographie réalisée dans le cadre du dépistage organisé est prise en charge à 100%, sans avance de frais, par la Sécurité Sociale.
Le radiologue réalise deux radiographies pour chaque sein, encore appelée mammographie et une palpation des seins.
Il donne une première interprétation à la patiente. Si aucune anomalie n’a été décelée, les radiographies seront revues par un autre radiologue. La personne recevra les résultats sous 15 jours environ.

Dans certains cas, par exemple si les seins sont denses, le radiologue peut proposer des examens complémentaires pour étudier la nature des anomalies car elles ne sont forcément des cancers comme une échographie.

Les femmes entre 50 et 74 ans qui n’ont pas reçu leur invitation peuvent contacter le centre régional de coordination des dépistages des cancers.

Réaliser son dépistage dans le cadre du dépistage organisé, c’est l’assurance de rentrer dans un parcours de qualité. En effet :

Les centres agréés répondent à des normes précises (contrôle régulier des mammographes, formation, etc)
Les mammographies sont lues par deux radiologues différents. Cette seconde lecture permet de dépister 6% de cancers supplémentaires et elle n’existe que dans le cadre du dépistage organisé.
Le dépistage organisé présente cependant quelques inconvénients comme le diagnostic ou le traitement de cancers peu évolutifs.

Pour plus d’information sur le dépistage organisé du cancer du sein, voir la rubrique dédiée sur le site Internet de l’Institut National du Cancer.

Comment se passe le dépistage organisé du cancer du col de l’utérus ?

Le dépistage organisé repose sur l’envoi d’un courrier invitant les femmes à consulter un médecin ou une sage-femme pour réaliser ce dépistage.

Les femmes de 25 à 65 ans n’ayant pas réalisé de frottis dans les trois dernières années reçoivent une invitation à se faire dépister, envoyée par le centre régional de coordination des dépistages des cancers.

Un premier frottis cervico-vaginal à l’âge de 25 ans, puis deux frottis à un an d’intervalle sont recommandés. Si les résultats sont normaux, un frottis est réalisé après trois ans. Pour les femmes de 30 ans à 65 ans, le test HPV-HR (détection des virus HPV à Haut Risque), est plus efficace et remplace l’examen cytologique du frottis. Le test HPV-HR est réalisé 3 ans après le dernier examen cytologique dont le résultat est normal. Un nouveau test est refait tous les 5 ans, jusqu’à l’âge de 65 ans, dès lors que le résultat du test est négatif.

Si la femme souhaite réaliser ce test, elle prend un rendez-vous auprès d’un médecin généraliste ou d'un gynécologue ou d’une sage-femme, dans un cabinet de ville, un centre de santé, un centre de planification ou un hôpital.

Le médecin ou la sage-femme prélève des cellules au niveau du col de l'utérus à l'aide d'une petite brosse. L’examen prend quelques minutes et est généralement sans douleur. Le prélèvement est envoyé dans un laboratoire spécialisé en anatomocytopathologie (qui examine les cellules à l'aide d'un microscope). La patiente recevra les résultats sous 15 jours environ.

Les honoraires du médecin ou de la sage-femme sont remboursés aux conditions habituelles. L’analyse par le laboratoire est remboursée à 100% sur présentation de l’invitation au dépistage organisé.

Les femmes entre 25 et 65 ans qui n’ont pas reçu leur invitation peuvent contacter le centre régional de coordination des dépistages des cancers.

Concernant les jeunes femmes de moins de 25 ans, elles ne sont pas concernées par le dépistage organisé mais la vaccination contre le HPV (papillomavirus humains) est recommandée entre 11 ans et 14 ans pour réduire les risques de cancer du col de l’utérus et le vaccin peut également être proposé en rattrapage jusqu'à 19 ans. Ce vaccin concerne également les jeunes hommes.

 

Quels sont les cancers qui peuvent être dépistés dans le cadre du dépistage individuel ?

Pour certains cancers comme celui de la prostate, le dépistage est pour le moment individuel, c'est-à-dire qu’il est réalisé à l’initiative du médecin ou de la personne.

Le cancer de la prostate

Pour le cancer de la prostate, l’intérêt d’un dépistage systématique est discuté. Ce dépistage peut être mis en place par le médecin traitant ou l’urologue en fonction de l’histoire de son patient et de son état de santé général. Il consiste à réaliser un toucher rectal une fois par an chez tous les hommes de 50 à 75 ans. Un autre test est le dosage dans le sang du PSA (antigène spécifique de prostate). Ces deux examens ne sont que des indicateurs de risque qui doivent être obligatoirement confirmés par une analyse au microscope d’une biopsie.


Les cancers de la peau

Le dépistage des cancers de la peau (mélanome qui peut être très grave ou carcinome) peut être effectué par un dermatologue selon certains facteurs de risque : les antécédents de coups de soleil reçus notamment pendant l’enfance, l’exposition au soleil et aux ultraviolets artificiels, la peau claire, la sensibilité face au soleil (peau qui a tendance à brûler et ne bronze pas ou peu), nombreux grain de beauté (> 50), les antécédents personnels ou familiaux (parents au 1er degré) de mélanome, une immunodépression c’est-à-dire un affaiblissement du système immunitaire.

Plus il y a de facteur de risque plus la surveillance doit être rapprochée. Votre dermatologue pourra également vous apprendre à réaliser une auto-surveillance.

Les cancers de la bouche

Il est important de faire surveiller régulièrement sa bouche, car les lésions causées par un cancer de la bouche ne sont pas faciles à repérer par soi-même et ne sont pas forcément douloureuses. Les chirurgiens-dentistes et les médecins traitants peuvent jouer un rôle déterminant dans cette détection et orienter vers un spécialiste, si besoin.

Une vigilance accrue est conseillée pour les fumeurs et les consommateurs réguliers d'alcool. En effet, la consommation d'alcool, de tabac, de cannabis et autres substances (chique de betel...) favorise l'apparition des cancers de la bouche.

Il n'existe pas de symptôme spécifique aux cancers de la bouche. De manière générale, tout signe inhabituel persistant pendant plus de 10 jours doit vous amener à consulter un médecin traitant ou un chirurgien-dentiste afin de déterminer la cause et la nature de cette anomalie.

Pour en savoir plus sur ces dépistages individuels, voir le dossier de l’Institut National du Cancer

D’autres cancers peuvent faire l’objet d’un dépistage ou d’une détection précoce. Il s’agit des cancers de l’ovaire, des testicules, du poumon ou des os. Malheureusement il est difficile de dépister ces cancers avant d'avoir des symptômes. L'objectif est donc de les détecter le plus précocement possible dès l'apparition des premiers symptômes.

Comment avoir plus d’information sur les dépistages ?
Le médecin traitant est votre interlocuteur pour échanger sur l’intérêt des différents dépistages.

Par ailleurs, l'Institut national du Cancer, en partenariat avec la Ligue contre le cancer et un groupe d'associations, propose une ligne téléphonique d’information appelée « Cancer Info » : appeler le 0 805 123 124 (service et appel gratuits) du lundi au vendredi de 9h à 19h et le samedi de 9h à 14h.


Sources
Institut National du Cancer dépistage, visité 30/08/2021
Institut National du Cancer Vaccination contre les HPV et cancers, visité le 30/08/2021
Rédaction
Dr Catherine Grenier, Médecin de Santé Publique
Dr Claire Allais, Médecin généraliste
Equipe Offre Prévention de la Mutualité Française