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Crise des urgences et de l’hôpital public

Le point sur la situation

La Fédération des Mutuelles de France, à laquelle la Mutuelle SMH adhère, a tenu son Assemblée Générale ce jeudi 14 novembre 2019.

L'enjeu de l'hôpital public a été un des sujets nécessairement abordé. Ce fut l'occasion pour Carole Moreira, présidente du conseil d'administration de notre mutuelle , de rappeler que la SMH a été construite il y a 45 ans par et pour des hospitaliers sur des besoins sanitaires et sociaux identifiés.

Et aujourd'hui le constat est alarmant : l'hôpital public est de jour en jour davantage attaché à afficher un label qualité basé sur des logiques purement économiques, au détriment du personnel et des usagers.

Acteur du mouvement social, les Mutuelles de France doivent plus que jamais interpeller, et inviter au rassemblement des acteurs pour un accès aux soins pour tous de haut niveau. 

En résumé...

La crise de l’hôpital public, qui s’exprime par la journée d’action du 14 novembre 2019, s’inscrit à la fois dans la longue durée et dans une temporalité plus courte.

La temporalité courte, c’est celle qui a débuté le 18 mars 2019 au service des urgences de l’Hôpital Saint-Antoine à Paris. Selon le Collectif Inter-Urgence, 268 services d’urgence ont rejoint le mouvement et sont désormais en grève.
Le temps long, c’est celui de la dégradation des ressources humaines et financière de l’hôpital public.

En 10 ans :
è Des services entiers et des dizaines de milliers de lits ont été supprimés alors que la population du pays augmentait de 4,2%.
è La « charge en soins » a augmenté de 14,6% alors que l’effectif du personnel de l’hôpital public n’a cru que de 2%.
è L’ONDAM hospitalier est passé de 69,6 Md€ en 2009 à 82,7 Md€ en 2019, soit une croissance annuelle moyenne de 1,6% pour couvrir des dépenses dont l’augmentation naturelle oscille entre 3 et 4%. L’ONDAM hospitalier pour 2020 n’augmente que de 2,1%.

Les conséquences de la pénurie de financement se traduit par :
♦ Une dette de 30 Md€ (chiffres 2018) dont le service plombe la capacité d’investissement des établissements, passée de 6 Md€ pour l’année 2012 à 3,9 Md€ pour l’année 2017 (-35% !).
♦ Un personnel en souffrance : 83% des infirmiers hospitaliers s’avouent vidés émotionnellement par leur travail.
1 soignant sur 4 a déjà eu des idées suicidaires du fait de son travail au cours de sa carrière.
30 000 « hospitalisations brancard » entre le 1er juillet 2018 et le 30 juin 2019. Il s’agit du nombre de patients restés sur des brancards des urgences la nuit faute de lit d’accueil disponibles.
♦ Des difficultés en amont et en aval des urgences, avec un manque criant de lits hospitaliers afin d’accueillir les patients une fois passée l’étape des urgences.

Cette crise grave d’un outil essentiel de l’accès à la santé - la fréquentation des urgences est passée de 10 millions de patients accueillis en 1996 à 21,7 millions en 2017 - marque l’échec - prévisible - du modèle libéral à l’hôpital. Les ressources affectées à l’hôpital public par les lois de financement de la Sécurité sociale sont insuffisantes depuis une vingtaine d’années et la mise en place de la « tarification à l’acte » (T2A) en 2007 a bouleversé le fonctionnement des hôpitaux, les contraignant à rechercher le maximum de rentabilité au détriment de la qualité des soins. Enfin, les recompositions de la carte hospitalière sur un modèle purement bureaucratique a sacrifié l’accès réel aux soins sur l’autel d’hypothétiques économies d’échelle. L’ensemble de ce processus a dégradé la qualité des soins, l’accès aux soins et les conditions de travail des personnels soignants.
Des réponses qui n’en sont pas !
La ministre des Affaires sociales et de la santé s’y est reprise à 3 fois pour tenter d’éteindre la crise des urgences, les 14 juin, 2 et 9 septembre. Elle n’a proposé, à ce stade, que des mesures cosmétiques uniquement financées par des redéploiements budgétaires internes aux dépenses hospitalières.

Quelques propositions :
1. Renforcer le financement du service public hospitalier pour garantir l’accès à des soins de qualité pour toutes et tous.
♦ Augmentation des effectifs en embauchant 100 000 professionnels de santé, dont 10 000 dans les services d’urgence et 40 000 dans les EHPAD, comme le réclament les organisations syndicales de la santé.
♦ Ouverture massive de lits pour atteindre l’objectif « Zéro hospitalisation » brancards.
♦  Moratoire sur la fermeture des services hospitaliers dans les territoires.

2. Réguler davantage la médecine de ville pour garantir l’accès financier et géographique aux soins par la coordination des soins et un maillage sanitaire de haut niveau.
♦ Renforcement de la lutte contre les dépassements d’honoraires, qui représentent plus de 2,5 milliards d’euros chaque année.
♦  Suppression réelle du numerus clausus pour les médecins
♦ Mise en place d’un plan national d’aide au développement des centres de santé à but non lucratif pour lutter contre les déserts médicaux et répondre aux aspirations des jeunes médecins d’exercer dans des établissements d’exercice coordonné.
♦ Évolution du paiement à l’acte en médecine de ville.