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BOISSONS ENERGISANTES : POTION OU POISON ?

Depuis plusieurs années, les boissons énergisantes ont fait leur apparition sur le marché, mais elles n’ont été autorisées en France qu’en 2008 (dernier pays en Europe qui avait maintenu l’interdiction). Le Red Bull est, en France, la boisson énergisante la plus vendue, loin devant Burn, Monster Energy, et Dark Dog, pour ne citer que ces marques.

En 2011, on a observé une augmentation des ventes de 35 % en France en un an.

Boisson énergisante ou boisson énergétique : compenser ou stimuler ?

Les boissons énergétiques (energising drink) contiennent :

ades sucres,
 a des sels minéraux (sodium, potassium),
 a et des vitamines.

Les boissons énergétiques ou « boissons diététiques glucidiques de l’effort » peuvent être utilisées lors d’activités sportives intenses, en complément d’une bonne hydratation et d’une alimentation adaptée pour éviter les coups de fatigue en aidant à compenser les dépenses énergétiques.

Les boissons énergisantes (energy drink) contiennent en moyenne :

a du sucre : 27 grammes pour une canette de 33 cl, ce qui est loin d’être négligeable,
a de la caféine : 80 milligrammes, soit l’équivalent d’une à deux tasses de café,
a de la taurine : 1000 milligrammes, soit 5 fois la dose quotidienne normalement apportée par l’alimentation,
a du D-glucuronolactone : 600 milligrammes, soit 500 fois la dose quotidienne normalement apportée par l’alimentation,
a des vitamines B (B2, B3, B5, B6 et B12),
a un édulcorant de synthèse,
a et de l’eau gazeuse.
Les boissons énergisantes jouent donc un rôle « coup de fouet » : elles stimulent le système nerveux, mais elles sont incapables de compenser les pertes énergétiques liées à un effort pendant une activité sportive.

Il faut savoir qu’il existe des formes sans sucre qui, si elles sont utilisées lors d’activités physiques ou sportives intenses, vont entraîner un effet de fatigue, qui nécessitera une longue période de récupération. Vous comprenez bien que l’effet observé est à l’opposé de l’effet recherché : on ne prend pas une boisson énergisante pour ressentir un effet de fatigue intense après l’activité sportive.

Confusion entretenue...
La confusion entre boissons énergisantes et énergétiques est bien entretenue. Ainsi, Red Bull consacre 30 % de son chiffre d'affaires au marketing, sponsorisant les sports extrêmes pour se donner une image sportive : rallye automobile, endurance automobile, ski, en particulier.

Le positionnement commercial est lui aussi bien étudié : épiceries, supermarchés ou stations-service, les boissons énergisantes ou énergétiques se trouvent partout et bien souvent dans le même rayon que les sodas pour en banaliser l’image.

Du marketing, rien d’autre
L’Agence nationale de sécurité sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) précise sur son site Internet que : « le terme " boissons énergisantes " est un terme marketing qui n’a pas de définition au plan réglementaire et qu’il regroupe des boissons censées " mobiliser l'énergie " en stimulant le système nerveux. »
Elle précise également que « ces boissons énergisantes ne sont pas adaptées à la pratique d’une activité physique intense. »
Je ne peux qu’être d’accord avec l’avis de l’ANSES : pas de boissons énergisantes lors de la pratique de sports extrêmes !

Alors, les boissons énergisantes sont-elles dangereuses pour la santé ?
Deux composants avaient attiré l’attention des autorités sanitaires françaises en 2006 (l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments, actuelle ANSM) et européennes en 2009 (l’agence européenne de sécurité alimentaire) : la taurine et le D-Glucuronolactone.
Elles avaient cependant conclu qu’il n’y avait pas de preuve irréfutable d’un risque avéré, mais que certaines situations d’emploi effectif de la boisson (activité sportive, prise concomitante d’alcool) étaient associées à un risque cardiovasculaire à l’effort (augmentation du débit cardiaque) d’une part, et un risque de perception amoindrie des effets (par ailleurs conservés) de l’alcool d’autre part.

C’est la caféine, ou en tout cas son excès, qui est à l’origine d’incidents : palpitations, accélération du rythme cardiaque, perte de connaissance, arrêt cardiaque, intoxication, dépendance voire décès.

Sans être alarmiste, précisons que cela est plus fréquent chez des sujets à risque (diabétiques, malades du cœur, du foie et du rein, en particulier).

Par conséquent, je conseille aux personnes diabétiques, malades du cœur, du foie et du rein d’éviter de consommer des boissons énergisantes.

Une étude effectuée par l’agence européenne de sécurité alimentaire (EFSA) en 2012 auprès de 52 000 personnes de 16 états membres de l’Union européenne nous apprend que :

la contribution des boissons « énergisantes » à l’exposition totale à la caféine représente environ 8 % chez les consommateurs adultes, 13 % chez les adolescents et 43 % chez les enfants ;
environ 18 % des enfants interrogés âgés de 3 à 10 ans déclarent consommer des boissons énergisantes ;
la consommation associée avec celle d’alcool concerne 53 % des adolescents et 56 % des adultes.
De la caféine pour les enfants ?!
Stupéfaction : près d’un enfant âgé de 3 à 10 ans sur cinq déclare consommer des boissons énergisantes !
L’apport de sucre et l’apport de caféine devraient constituer deux raisons suffisantes pour interdire la consommation de boissons énergisantes aux mineurs en France.
Même l’EFSA, lors de la publication de cette étude, n’a malheureusement pas donné de recommandations allant dans ce sens : juste la confirmation que la taurine et le glucuronolactone ne présentaient pas de risques avérés pour la santé.

Cette étude confirme également que la consommation des boissons énergisantes est souvent associée à celle de l’alcool.

Et vous consommez-vous plutôt des boissons énergisantes seules, ou au contraire associées à de l’alcool ?
Autorisez-vous vos adolescents, voire vos enfants, à consommer ce type de boissons ?
En avez-vous déjà consommé vous-même ?
Si oui, pour quelles raisons, dans quelles occasions et quels effets avez-vous ressenti ?

Auteurs : ARVERS Philippe (Dr - Médecin addictologue)