Le sommeil et le cerveau de nos enfants
Le sommeil est un facteur de bonne santé et plusieurs études démontrent son fort impact sur le développement neuronal des jeunes cerveaux, à des âges où le développement cognitif est particulièrement dense.
L'apnée du sommeil chez l'enfant
L’apnée du sommeil est un trouble du sommeil de mieux en mieux connu aujourd’hui. Sa prise en charge reste néanmoins encore insuffisante, bien souvent en raison du port d’un appareillage considéré comme contraignant.
Pourtant, négliger ce dysfonctionnement respiratoire a des conséquences graves avec un risque important de vieillissement prématuré du cœur.
Si cette pathologie touche entre 5 à 15% de la population adulte, elle n’épargne pas les plus jeunes : à peu près 5% d’entre eux seraient concernés.
Or si l’apnée du sommeil provoque en premier lieu de la fatigue, des recherches* auprès d’enfants de 7 à 11 ans révèlent que le syndrome d’apnée obstructive du sommeil (SAOS) non traité peut avoir un effet néfaste sur les cellules cérébrales, de fait mal oxygénées, entrainant des répercussions sur l’humeur et sur les capacités cognitives.
De plus, les chercheurs ont constaté une réduction significative du volume de matière grise, en particulier les cellules présentes dans les zones du cerveau qui participent entre autre à la mémoire, aux émotions, à la parole et à la maîtrise de soi. Sans en identifier à ce jour les conséquences directes, ce constat ne peut qu’alerter et inciter les parents et les professionnels à traiter ce problème pour protéger ces cerveaux en devenir et en pleine maturation.
Plusieurs raisons peuvent expliquer ces apnées, de l'anomalie maxillo-faciale aux facteurs génétiques, ou encore une affection allergique... Bien d'autres diagnostics sont possibles et il s'agira de trouver le traitement adapté. Le médecin de famille, le pédiatre, pourra orienter vers un spécialiste comme l'oto-rhino-laryngologiste (ORL), ou parfois un pneumologue, un orthodontiste (pour la forme du visage), éventuellement un centre du sommeil pour une polysomnographie (enregistrement et analyse du sommeil).
Le traitement pourra alors se présenter sous forme de chirurgie comme dans le cas d'amygdales trop volumineuses, ou simplement de changements d'hygiène de vie comme pour un problème d'obésité.
Le manque de sommeil chez l'enfant
Une autre étude ** portant sur l’impact d’un manque de sommeil, cette fois sur des jeunes de 5 à 12 ans, a révélé des modifications de l’activité cérébrale en particulier sur des zones impliquées dans la planification des mouvements, le raisonnement spatial et l’attention. Les scientifiques suggèrent qu’il y aurait une incidence sur le développement normal de la plasticité neuronale (faculté du cerveau à se modifier et à se restructurer tout au long de la vie), laquelle représente l’un des leviers de l’apprentissage.
Ces deux études nous rappellent donc l’importance tant de la qualité que de la durée du sommeil chez les jeunes, période de la vie marquée par un fort développement des capacités cognitives.
Rappelons à cette occasion le temps de sommeil recommandé en fonction de l’âge*** :
- de 4 à 12 mois entre 12 à 16 heures par 24 heures (siestes incluses)
de 1 à 2 ansentre 11 et 14 heures par 24 heures (dont siestes),
entre 3 et 5 ans, de 10 à 13 heures par 24 heures (dont siestes),
entre 6 et 12 ans, 9 à 12 heures par 24 heures,
entre 13 et 18 ans, les adolescents devraient dormir 8 à 10 heures par 24 heures, en semaine comme le week-end, sans changement marqué de rythme.
A ces données s’ajoute donc la régularité des horaires, facteur également de qualité du sommeil, propre à favoriser une santé mentale et corporelle.
*Source: Scientific Reports 17 March 2017 doi:10.1038/srep44566 Reduced Regional Grey Matter Volumes in Pediatric Obstructive Sleep Apnea
** Frontiers in Human Neuroscience 2016 DOI: 10.3389/fnhum.2016.00456 Increased Sleep Depth in Developing Neural Networks: New Insights from Sleep Restriction in Children
***Journal of Clinical Sleep Medicine 2016 DOI: 10.5664/jcsm.5866 Recommended Amount of Sleep for Pediatric Populations: A Consensus Statement of the American Academy of Sleep Médicine