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Exposition aux risques professionnels

 

Etat des lieux des expositions aux risques professionnels : résultats de la dernière enquête SUMER.

Lors du colloque du 29 mars 2016 à Lille Grand Palais sur "Quelles qualités de vie au travail ?" le Dr Nicolas Sandret, ancien Médecin Inspecteur du Travail en Ile-de-France, membre de l’équipe de coordination nationale de l’enquête SUMER* a présenté l’analyse de quelques résultats de l’enquête 2010.

L’enquête SUMER présente un mode de recueil original : les enquêteurs sont des médecins du travail volontaires qui administrent le questionnaire principal conçu autour de 300 questions lors des examens périodiques. S’y ajoute un auto-questionnaire permettant de repérer le vécu subjectif du salarié par rapport à son travail. Ce sont ainsi 2400 médecins qui ont réalisé l’enquête de 2010 auprès de 54 000 salariés du secteur public (à l’exception de l’Education Nationale) et du secteur privé obtenant 48 000 réponses. La récurrence de l’enquête en 1994, 2003 et 2010 permet de comparer les expositions aux risques professionnels.

Quelques évolutions révélatrices mises en lumière par l’enquête :
Si l’intensité du travail s’est stabilisée à un niveau élevé, on constate une augmentation du contrôle informatisé. Le contact avec le public apparaît de manière plus fréquente, mais on remarque qu’il y a moins de tensions à son contact et d’agressions de la part de ce public.
Davantage de salariés sont exposés au bruit.
Si l’on peut noter une baisse des expositions des salariés aux agents chimiques, on constate en revanche une forte progression d’exposition aux agents biologiques.
L’exposition aux agents chimiques cancérogènes touche 10% des salariés : si elle est en baisse depuis 2003, elle laisse apparaître une forte disparité selon les différentes CSP.

Concernant les risques psychosociaux, les résultats de l’enquête SUMER sont particulièrement riches d’enseignements et montrent de manière claire l’incidence de l’organisation du travail sur la santé des salariés :

Les risques psychosociaux auxquels sont exposés certains salariés sont susceptibles de dégrader leur santé physique et mentale. L’enquête SUMER de 2010 permet de repérer les situations de travail qui accroissent ces risques, comme la tension au travail (job strain) ou le manque de reconnaissance. On constate notamment que les salariés qui exercent des fonctions d’exécutants sont davantage exposés aux risques psychosociaux que les autres. Le job strain concerne plus les femmes en raison d’une plus faible autonomie dans le travail et de marges de manœuvre réduites. Les modes d’organisation du travail, comme les contraintes de rythme, influencent le risque d’exposition aux facteurs psychosociaux. Ces derniers sont fortement liés à l’impossibilité de faire correctement son travail par manque d’information, de coopération et de moyens. Les salariés les plus exposés au job strain ou au manque de reconnaissance se déclarent en moins bonne santé que les autres et sont plus souvent concernés par des symptômes dépressifs et anxieux. Les risques psychosociaux augmentent aussi le risque d’accident du travail et d’absentéisme, notamment pour les hommes qui déclarent un manque de reconnaissance.

En 2010, d’après l’enquête SUMER, 22 % des salariés déclarent que, dans le cadre de leur travail, ils sont confrontés systématiquement à un ou des comportements hostiles. C’est l’évolution la plus importante de l’enquête de 2010 (+ 5 points par rapport à l’enquête de 2003) Ceux-ci peuvent prendre la forme de marques de mépris (plus souvent évoquées par les femmes), de dénis de reconnaissance du travail (davantage cités par les hommes) ou, plus rarement, d’atteintes dégradantes. Autre enseignement de la dernière enquête : la violence au travail est bien une problématique interne à l’entreprise. En effet, ces comportements hostiles émanent le plus souvent de personnes appartenant au collectif de travail (collègues ou hiérarchie). Les comportements hostiles apparaissent plus fréquents quand l’organisation du travail est marquée par des horaires atypiques ou par des dysfonctionnements, en particulier le manque de moyens pour effectuer correctement son travail et le manque d’autonomie. Les salariés concernés par ces comportements se déclarent plus souvent en mauvaise santé, ont davantage d’accidents du travail et sont plus souvent absents de leur travail que l’ensemble des salariés.

*Surveillance médicale des expositions aux risques professionnels : enquête réalisée par la DARES du Ministère du travail. Les enquêtes SUMER représentent un outil de suivi des expositions qui permet de cerner les priorités en terme de prévention et de voir les impacts de celle-ci sur les conditions de travail. Résultats complets disponibles sur le site du Ministère du travail