Quels produits d’hygiène choisir pour des dents en bonne santé ?
^ En pharmacie ou en grande surface, mes produits d’hygiène bucco-dentaires, dentifrice ou bain de bouche sont en vente libre. Cela signifie que je peux les choisir les yeux fermés ?
RÉPONSE : FAUX
Les produits d’hygiène bucco-dentaires sont en grande majorité assimilés à des cosmétiques et leur mise sur le marché est très contrôlée. Chaque ingrédient est soumis aux contraintes du règlement cosmétique européen. Celui-ci encadre les obligations à respecter avant et après leur commercialisation. Néanmoins, certains ingrédients controversés peuvent être disponibles à la vente car c’est très compliqué de prouver formellement qu’un ingrédient est mauvais pour la santé humaine. C’est pourquoi ce règlement évolue en permanence et la liste des ingrédients interdits également selon les résultats des études.
Pour appliquer le PRINCIPE DE PRÉCAUTION à mon échelle, je peux limiter au maximum les parfums et les colorants qui n’ont aucun intérêt véritable à être présents dans un dentifrice ou un bain de bouche.
^ Toute la famille peut utiliser les mêmes produits d’hygiène bucco-dentaire que ce soit le dentifrice ou le bain de bouche ?
RÉPONSE : FAUX
Il existe une multitude de dentifrices et de bains de bouche à la composition différente. Les composés, d’origine synthétique ou naturelle, n’ont pas tous le même effet souhaité en matière d’hygiène ou indication. Il est important de choisir la composition la mieux adaptée à notre état de santé bucco-dentaire. Je peux pour cela être conseillé par son chirurgien-dentiste. Et en dehors d’une recommandation formelle, utiliser un bain de bouche quotidiennement est inutile.
Les produits cosmétiques peuvent présenter d’éventuels effets indésirables pour la santé. Selon notre âge ou notre état de santé, nous sommes plus ou moins sensibles à ceux-ci.
Une période est particulièrement à protéger de toute pollution : la période des 1 000 jours. Elle s’étend de la préconception aux 2 ans de l’enfant. Ainsi de plus en plus d’études scientifiques observent que moins la femme enceinte ou allaitante et l’enfant en bas âge sont exposés à des ingrédients controversés plus le capital santé de cet enfant est élevé et moins il risque de développer des pathologies tout au long de sa vie future. Pour aider à protéger ce capital, l’agence de Santé Publique France propose un site internet https://agir-pour-bebe.fr/.
^ Si en utilisant mon produit cosmétique, je constate un effet indésirable, je dois signaler cet incident ?
RÉPONSE : VRAI
En utilisant mon produit cosmétique, si je constate qu’il provoque un effet indésirable ou une réaction allergique (gonflement, rougeur, sécheresse des muqueuses...) je peux en effet partager cette information. Celle-ci permettra d’agir et protéger la santé des autres consommateurs. C'est donc 10 minutes utiles à tous.
Les particuliers et les professionnels de santé peuvent signaler tout effet indésirable, grave ou non, sur le site internet du Ministère chargé de la santé via ce lien : https://signalement.social-sante.gouv.fr/psig_ihm_utilisateurs/index.html#/choixProduitPecPA.
^ Pour avoir une bonne santé bucco-dentaire, mieux vaut que je multiplie le nombre de produits d’hygiène .
RÉPONSE : FAUX
En multipliant les produits cosmétiques, je m’expose à un plus grand risque de mélanger les molécules et donc favoriser l’effet cocktail. Pour vérifier leur innocuité, les produits chimiques sont souvent testés séparément les uns des autres. Or notre environnement actuel nous expose quotidiennement à un grand nombre d’entre eux (air, eau, alimentation...) y compris via les cosmétiques. En moyenne, on estime que ce sont 12 produits utilisés par jour, composés chacun de 14 ingrédients, ce qui représente donc un cocktail de plus de 160 molécules différentes. Leur interaction peut entrainer des effets 10 à 1 000 fois supérieurs que quand elles sont isolées.
C’est également important de considérer l’ensemble des produits auxquels je serai exposé durant ma vie entière via mon environnement, c’est la notion d’exposome. En effet, certaines molécules peuvent être stockées très longtemps dans l’organisme et avoir des conséquences sur ma santé plusieurs années après la première exposition.
Je garde à l’esprit le repère « le moins le mieux ».
^ Heureusement, il existe quelques repères simples pour m’aider à choisir ces produits et prendre soin de moi et ma famille.
RÉPONSE : VRAI
Afin de choisir mon dentifrice, je peux encore utiliser le repère « le moins - le mieux » et choisir un cosmétique avec le moins d’ingrédients possibles.
Je peux également me tourner vers un produit certifié par un écolabel, en ayant conscience que celui-ci démontre la volonté de limiter son impact sur l’environnement. Les écolabels sont nombreux et ne répondent pas tous aux mêmes critères (limitation des dérivés de pétrole, des emballages, des nanoparticules...). Pour s’y retrouver, l’ADEME propose une étude et recommande 100 labels environnementaux consultables sur une page internet : https://www.ademe.fr/labels-environnementaux
Les applis disponibles sur smartphones peuvent aussi m’aider à choisir. Elles sont nombreuses, parmi elles :
4CLEAN BEAUTY : permet d’identifier les ingrédients controversés ou interdits en Europe, les allergènes, dans tous les produits de beauté et d’hygiène en scannant la liste des ingrédients et non le codes barre en présentant les études scientifiques de référence.
4 QUEL COSMETIC : Classe les produits de A à D, selon l’innocuité du produit en fonction de l’état de santé ou l’âge du consommateur et propose des alternatives plus saines le cas échéant et détaille la liste des ingrédients.
4 INCI BEAUTY : Donne une note sur 20 en identifiant les produits qui posent problème. Elle propose également des commentaires et des alternatives.
^ Pour limiter les emballages et les produits chimiques, j’ai la solution parfaite : le dentifrice « D.I.Y » (Do It Yourself = faire soi-même).
RÉPONSE : FAUX
Pour favoriser la protection de leur santé et celle de l’environnement de plus en plus de consommateurs deviennent consom’acteurs. Ce changement s’accompagne souvent du désir de fabriquer soi-même ses cosmétiques comme le dentifrice par exemple. Dans ce cas, il est bon d’éviter certains ingrédients, souvent présents dans les recettes D.I.Y., qui peuvent être délétères pour la santé. On peut citer notamment le bicarbonate de soude, le charbon qui sont très abrasifs et peuvent user précocement l’émail des dents ou les huiles essentielles. Etant très concentrées et ayant une action puissante sur l’organisme, elles doivent être utilisées avec prudence selon l’avis d’un expert.
On peut également opter pour un dentifrice solide ou en poudre mais en veillant à ce qu’il ne devienne pas un « bouillon de culture » : ne pas plonger la brosse à dents dedans ou le partager avec chaque membre de la famille....
Il est important de garder à l’esprit qu’en matière de brossage, le plus important c’est la régularité, le temps (au minimum 2 fois/ jour pendant 2 minutes) et l’action mécanique du brossage (de la gencive vers le bord de la dent et sur chaque face) et non le dentifrice. Et pour limiter les caries, il faut avant tout limiter le sucre. C’est l’alimentation qui est le premier facteur de prévention.
« Que ton aliment soit ton premier médicament » Hippocrate.
^ Pour limiter mon impact carbone et protéger la planète, j’opte pour une brosse à dents en bambou biodégradable.
RÉPONSE : VRAI & FAUX
De plus en plus de marques proposent des brosses à dents dites « écologiques ». On peut distinguer notamment des brosses à dents avec la tête interchangeable, en plastique recyclé ou recyclable, en plastique biosourcé (d’origine végétale) ou encore en bambou. Pour cette dernière, il faut veiller à bien la laisser sécher après usage car il est souvent constaté que l’humidité favorise l’apparition de moisissures. Les poils sont également parfois trop durs.
Il est important de rester vigilant face aux « Fausses Bonnes Idées ». En effet le choix de ma brosse à dents repose sur la balance bénéfice/ risque entre « protection santé » et « protection environnement ».
Le premier impératif est d’utiliser une brosse à poils souples qui permet de nettoyer efficacement et en douceur toutes les surface de mes dents, y compris les faces interdentaires et changer dès que les poils sont abimés.
^ Pour être sûr d’avoir une hygiène bucco-dentaire irréprochable, je choisis les produits avec la mention « zéro bactérie ».
RÉPONSE : FAUX
Viser le « zéro-bactérie » est une mauvaise idée.
En effet, notre bouche abrite naturellement plusieurs milliards de microorganismes - le microbiote buccal - dont les levures, les virus et différentes familles de bactéries. Celles-ci sont la plupart du temps des bactéries protectrices dont la diversité (près de 700 espèces différentes) participe à l’équilibre de la flore buccale en la protégeant contre les agents pathogènes présents dans notre environnement. Ces bactéries protectrices sont donc garantes d’une bonne santé bucco-dentaire. Les éliminer avec un dentifrice inadapté risque de laisser la place aux bactéries causant la maladie carieuse ou la maladie parodontale (inflammation de la gencive qui peut mener jusqu’à une atteinte de l’os entourant la dent et son déchaussement).
Pour les mêmes raisons, il est déconseillé d’utiliser quotidiennement un bain de bouche en dehors des recommandations d’un professionnel de santé.
^ Ce microbiote buccal peut interagir avec l’ensemble de mon corps et donc avec ma santé générale.
RÉPONSE : VRAI
Il existe plusieurs microbiotes dans le corps humain qui sont composés différemment selon la surface observée, comme les microorganismes présents sur la peau, dans la bouche ou dans l’intestin. En tout ce sont plus de 100 000 milliards de bactéries naturellement présentes dans le corps humain qui participent à la protection de ma santé en favorisant entre autres, le développement du système immunitaire.
Il existe des interactions entre les différents microbiotes et les organes. Les bactéries responsables de la parodontite peuvent migrer vers les vaisseaux sanguins et entraîner des maladies cardio-vasculaires ou encore aggraver des pathologies auto-immunes comme le diabète. Prendre soin de ma santé bucco-dentaire c’est donc aussi prendre soin de ma santé générale.
^ J’ai lu dans un magazine, que les résines blanches posées par mon dentiste pour soigner une carie contiennent du bisphénol-A.
RÉPONSE : FAUX
Le bisphenol A, très présent dans les matières plastiques, est reconnu aujourd’hui pour sa capacité à perturber le système hormonal. Ce perturbateur endocrinien est suspecté d’être associé à de nombreuses pathologies (diabètes, obésité, trouble du comportement...). C’est pour cela qu’il a été interdit dans les biberons et les tickets de caisse.
Contrairement à ce qui est parfois avancé, les résines composites blanches utilisées par les chirurgiens-dentistes ne contiennent pas de bisphenol A pur. Néanmoins selon la marque et la composition du matériau utilisé, Il peut arriver que des résidus soient présents dans celui-ci. C’est pourquoi il est possible d’en retrouver dans la salive suite à un soin dentaire. Il est couramment avancé que l’exposition1 via les matériaux dentaires représente une infime contribution de l’exposition totale aux bisphenols.
Par précaution il est conseillé, en dehors des situations d’urgence, d’éviter ce type de soin dentaire durant la grossesse et de se renseigner auprès de son chirurgien-dentiste. La meilleure attitude à adopter est veiller à une bonne alimentation et une bonne hygiène bucco-dentaire quotidienne et consulter son praticien de manière régulière afin de prévenir la maladie carieuse et toute autre pathologie bucco-dentaire.
Auteurs : BARAS Alice (Dr - Chirurgien dentiste) | Équipe Offre Prévention de la Mutualité Française Quels produits d’hygiène choisir pour des dents en bonne santé ? │ Avril 2021 │